les temps sont weird

Allô Lucille,

Les temps sont weird depuis les derniers mois hein? Les temps sont vraiment weird. Sont tristes, pis inquiétants, mais réconfortants par bout, apaisants un peu aussi.

C’est réconfortant parce que ça me donne la chance de t’appeler à tous les jours, pis l’temps de t’écouter jaser. De ce que tu as entendu à la radio ce matin-là. À la radio ou à la télé. De qui t’as vu prendre une marche par ta fenêtre. De ce que tu vas souper c’te soir-là ou de c’que t’as diné. De la vaisselle qui t’attend sur le comptoir ou que t’as déjà faite. Même les ustensiles.

Réconfortant parce que ça m’donne la chance d’appeler mon humain préféré, pis le temps de t’écouter pour vrai. Réconfortant parce qu’à chaque fois que tu réponds je sais que t’es correct. Que t’es en santé. Que j’te perdrai pas toute suite. Je sais qu’on s’est entendues pour pas avant 95 ans, mais on peut tu renégocier pour pas avant jamais ? J’dis ça, j’dis rien, mais une fille s’essaye.

C’est réconfortant aussi parce que ça m’donne la chance de faire un peu la même chose avec toutes les femmes pas mal inspirantes que j’ai la chance d’appeler mes amies ; ma famille. Celle que j’ai choisie. J’me trouve chanceuse en maudit d’avoir pleins de chums de femmes, fortes, pis inspirantes, pis apaisantes quand j’ai besoin. J’me dis que si j’arrive pas à te convaincre de rester avec moi pour toujours, j’vais être bien entouré en maudit pour vivre ma peine. Pour survivre à ma peine.

Mais ça, on n’est vraiment pas obligées d’y penser tout de suite !

Moi ces p’tites perles-là, j’pense que c’est grâce à toi que j’les ai dans ma vie. C’parce que tu m’as montré tout c’que ça apportait de s’entourer de femmes assumées. Tu m’as montré comment c’est beau des femmes qui savent ce qu’elles veulent, ce qu’elles valent aussi. Ce qu’elles valent surtout en fait. Tu m’as montré c’était quoi d’être inspirée par quelqu’un. Pis même si y’a jamais personne qui va m’inspirer plus toi, elles ont toutes pas mal de beau qui fait du bien à m’faire découvrir.

Fack c’est là-dessus que j’ai décidé de me concentrer de ce temps-là. Tout le beau qu’on voit, tout le beau qu’on a. Que ce soit grandiose ou un peu banal. Que ce soit le fait d’être entourée de gens mauditement extraordinaires à tous les jours ou que ce soit tout simplement le plaisir de boire mon premier café l’matin. Simple comme ça. J’suis de même moi, pas trop demandante du bonheur.

J’essaie en tout cas ; tu l’fais si bien toi.

Se contenter de p’tites choses. Reconnaître notre chance. Avoir le rire facile. Célébrer le beau qui nous entoure. Toutes des choses que j’ai appris de toi ça. Que j’ai appris grâce à toi.

Donc c’est ça que je fais, je célèbre le beau dans ma vie. J’te célèbre toi. Pis j’célèbre aussi le bien que ça m’fait d’écrire. Dans la même idée indéniable qu’un plus un, ça donne deux ; toi plus l’écriture, ça donne Allô Lucille.

Nous voici, nous voilà. C’est parti !

Ta Annabelle xx

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crédit photo : manny fortin sur unsplash