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une pas pire anxieuse

  • Photo du rédacteur: Véronique Lavoie
    Véronique Lavoie
  • 19 nov. 2020
  • 4 min de lecture


Ahhh Lucille,


J’te dis que c’est pas facile cette semaine.


L’anxiété est là. Elle est tout le temps là, mais cette semaine elle est là LÀ.


J’te jure qu’elle fait de l’overtime la petite.


Juste aujourd’hui, ça doit faire quatre crises de larmes que je traverse. Pis j’saurais même pas te dire pour quoi exactement.


Si ça continue d’même, j’vais commencer à croire que y’a des bonnes chances que j’me déshydrates à p’tite dose de braillage pas tant justifié…


Une solide tête d’affiche pour présenter la journée d’une pas pire anxieuse ça : « Se déshydrater à p’tite dose de braillage ». Ça vole pas haut mettons.


Pis j’le sais que je dois prendre ça une journée à la fois. Me dire que demain ça va être mieux... Que si hier j’étais pas pire top shape, ça veut dire que je pourrais l’être à nouveau demain.


J’essaie de me répéter que juste d’être là, c’est ok. Que juste de continuer c’est déjà beaucoup. Que de mette les efforts pour passer à travers; c’est tout c’qu’on peut demander de moi.


J’devrais reconnaitre le fait que j’me suis habillée en autre chose que des joggings aujourd’hui. J’ai pris le temps de faire ma p’tite routine soin de peau aussi. J’ai même mis un peu de mascara question de me trouver plus « réveillée » quand je vais croiser un miroir !


Mais câline.


J’peux pas m’empêcher de m’attendre à plus de moi. À mieux de moi.


Malgré la pandémie.


Malgré ma non-job.


Malgré ma mom à l’hôpital pour d’autres traitements cette semaine.


Malgré mon gardiennage du chien familial pour la semaine.


Peux-tu croire que c’est la seule chose qui a vraiment « changée » et que ça a déclenché tout ça ?


J’aimerais qu’on fasse un background check sur la zoothérapie s’il vous plait. Semblerait que ça passe pas tout à fait l’test chez cette anxieuse-ci.


Je l’aime Billy. Je l’adore. Full, full, mais mautadine que j’pensais être meilleur que ça pour gérer un autre être vivant.


En fait, non. Mautadine que j’pensais être meilleure pour ME gérer à gérer un autre être vivant.


Parce que lui, il va bien... Je pense ? Il mange correct. Il prend des marches. Il sieste 12 fois. Il se fait donner des gâteries. Il se fait flatter sans fin.


Je le sais qu’au fond il est bien le p’tit Bill, mais on peux-tu, si’ou plait, apprendre aux animaux à parler qu’il me le confirme. Quelqu’un !?


Me semble ça serait un solide stress de moins… J’dis ça, j’dis rien, mais Noël s’en vient ça pourrait faire un maudit beau cadeau d’invention.


Pis en même temps, j’sais pas si ça aurait tant de différence sur moi… J’trouverais probablement mille et une autres « non-raisons » d’être aussi stressée.


Oh j’te dis. J’suis tellement déçue d’être anxieuse de même. J’ai appris à aller mieux pourtant, non? J’ai appris à vivre avec mon anxiété, à bien la gérer me semble?


À arrêter d’être anxieuse d’être anxieuse.


À arrêter de stresser d’être stressée...


Pis là, pouf.


Dasn l’fond, j’ai l’impression que l’anxiété c’est comme les monstres en dessous de ton lit quand t’es enfant. Ça sonne weird peut-être, mais laisse-moi t’expliquer ça.


Quand t’as peur qu’ils soient là, quand tu feels qu’ils te guettent, tu demandes à quelqu’un de vérifier avec toi s’ils sont vraiment là. À chaque soir, sans exception. Sous ton lit. Dans ta garde-robe. Caché derrière des jouets.


Tu demandes de l’aide, tu fais le travail nécessaire pour bien dormir.


Full assidue pis toute.


Éventuellement, quand ça fait plusieurs soirs que tu vérifies, pis que y’en a pu de monstre, tu t’dis que t’as pu peur de ça les monstres toi. Tu l’sais que y’en a pas anyways, pourquoi tu t’en ferais? T’es tellement rendue ailleurs.


Pis là, pour une coupe de semaines, une coupe de mois, t’es tellement certaine de ta shot, que t’en oublis de vérifier. Sous ton lit. Dans ta garde-robe. À travers tes jouets.


Pis c’est à peu près à ce moment-là que t’entends un bruit weird une nuit. Que y’a quelque chose qui cloche, quelque chose qui est pas exactement comme à l’habitude, sans trop que tu saches c’est quoi…


Le soir d’après, tu te dis que tu devrais prendre le temps de vérifier, juste au cas. Sous ton lit. Dans ta garde-robe. À travers tes jouets. Mais toute seule cette fois parce que t’es rendue plus grande, pis que de toute façon, tu l’sais, y’en a pu de monstres…


Sauf que…


Ils sont là les petits maudits. Ils sont là à attendre que tu les vois, que tu les regardes.


Des fois ils sont un peu transformés, mais j’te l’dis, ils sont toujours aussi épeurants. On parle pas d’un monstre à la Sulli ici. Oh non madame !


Puis le cercle recommence.


Après des nuits à mal dormir parce que ton orgueil refuses de demander de l’aide pis d’accepter que t’es peut-être rendue moins « ailleurs » que tu pensais, tu retournes cherche quelqu’un pour vérifier avec toi tous les soirs. Sous ton lit. Dans ta garde-robe. À travers tes jouets.


Pour que finalement, quand ils repartent, tu te dises que cette fois-ci, tu te feras pas avoir, tu vas continuer de surveiller ça de prêt… Mais on va être honnête, tu le fais pas. Parce que qu’après un p’tit bout, tu penses que t’en as plus besoin, parce que tu penses que t’es enfin rendue ailleurs. Que t’es rendue plus forte. Que t’es rendue autre chose.


J’veux pas brûler le punch à personne, mais tu finis toujours par te faire surprendre.


Encore.


Et encore.


Mais j’te le dis là, c’est vrai cette fois-ci, j’oublierai pu de vérifier tous les soirs.


Sous mon lit. Dans ma garde-robe. À travers mes jouets.



Ta Annabelle



crédit photo : yohanes dicky yuniar sur unsplash

 
 
 

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