mes humains lumières

Allo Lucille,

Pendant le confinement, j’ai le temps de penser à bien des affaires. Pis une des affaires que j’ai conclue, après maintes réflexions sur le sujet, c’est que j’pourrais jamais vivre une histoire d’amour ordinaire. Jamais j’pourrais me contenter de quelque chose de juste correct.

C’est que j’ai tellement déjà des humains parfaits dans ma vie, pis tellement d’autres formes d’amour qui sont tous aussi incroyables à leur manière que j’pourrais pas me contenter de quelque chose de moins que ça. De moins qu’extraordinaire.

J’ai trop eu la chance de tomber en amour avec des humains formidables dans ma vie jusqu’à maintenant. C’est peut-être bizarre que ce soit l’éternelle célibataire qui dise ça, mais c’est pas moins vrai pour autant. J’te l’dis ! Pis si j’suis bien honnête (on sait que j’le suis toujours avec toi) j’irais même juste qu’à dire que c’est pas bizarre du tout ; que c’est plutôt beau.

J’trouve ça beau que ce soit une fille comme moi qui dise ça. Une fille qui a jamais vécu sur le long terme l’genre d’amour que la société nous dit qu’on a besoin. Qui a jamais eu de vrai chum. Qui l’a jamais eu ce boy-là qui est supposé tout rendre plus parfait. Qui a jamais tant réussi à jouer c’te game de dating-là non plus… Ou en fait qui a jamais réussi à la gagner dans l’fond.

Mes plus grandes pis mes plus belles histoires d’amour sont tellement platoniques, mais pas moins vraies ou moins valides pour autant. Pis non, c’est pas des humains avec qui j’ai envie de frencher toute une nuit, mais c’est des humains avec qui j’aurais envie de jaser toute une vie. Moi j’trouve ça encore mieux. Encore plus beau aussi.

Ça m’émerveille toujours un peu quand j’pense que c’est moi cette fille-là, celle que ces humains ont choisi d’aimer aussi. C’est moi cette chanceuse-là. C’est moi qui a la chance d’avoir des humains perles que j’aime tellement et qui m’aiment tout autant en retour Ces humains-là qui prennent soin de moi (même quand j’veux pas admettre que j’en ai besoin), pis qui me donnent aussi la chance, le privilège de prendre soin d’eux et d’être là quand c’est leur tour d’être plus fragiles.

J’en aurais tellement long à te dire ma Lucille si je prenais le temps de te parler de toutes ces humains lumières-là. C’est parce que j’en ai beaucoup des gens comme ça dans ma vie. Plus qu’il doit être permis d’en avoir pour une seule personne j’pense. C’est peut-être aussi pour ça que l’univers m’envoie pas de chum dans l’fond… Quoique c’est pas très grave parce qu’on va s’le dire, j’les échangerais jamais pour un p’tit boy ces perles-là. Même pas pour un prince perdu, pour LE prince perdu… Un long sujet qu’on va garder pour une autre fois si ça te dérange pas.

Bref, qu’on revienne à mes amies parfaites.

J’ai la chance d’avoir ma ‘’GIRLBOSS’’ personnelle. D’avoir la fille la plus déterminée dont tout le monde devrait être inspirée. Cette fille-là qui n’est pas parfaite, mais qui a toute la discipline du monde pour le devenir. La fille qui a des idées grandes comme le monde, pis la seule qui a la détermination de faire de ces idées-là des projets concrets pis des réussites aussi, des réussites surtout. Celle qui n’laisse jamais des embuches l’arrêter, jamais. C’est aussi celle (et une des seules) qui a l’droit de me chicaner. Qui a l’droit de me dire de me gérer, de m’remonter les bretelles pis d’avancer. Celle qui a l’droit de me dire qu’il est temps que j’m’ouvres les yeux pis que j’réalise tout c’que j’ai déjà quand il m’arrive de l’oublier. Celle qui réussit à me faire comprendre que si j’veux que ça change, c’est à moi de m’organiser pour que ça arrive. C’est l’humain que j’veux rendre fière parce qu’elle me rend tellement fière à tous les jours. Sans exception.

J’ai la chance d’avoir mon cœur externe sur deux pattes aussi. D’avoir cette personne-là qui te montre un peu plus c’est quoi être là pour les autres. C’est quoi tenir à quelqu’un. La personne qui a toujours les bras grands ouverts. Pour tout le monde. Pour n’importe qui. Pour tous ces n’importe qui-là qui ont besoin d’un point de repère de temps en temps. La personne qui quand elle aime quelqu’un, elle l’aime pour vrai. Pour longtemps. Pour toujours même. La personne qui pardonne, la personne qui continue toujours de faire des efforts. C’est la personne qui m’fait comprendre que si tu tiens à quelqu’un, t’as l’droit de lui pardonner bien des affaires. Que c’est à toi de mettre tes propres limites, pis que c’est pas parce que tes chums de femmes te disent d’abandonner pis de passer à autres choses que t’es obligée de le faire. C’est l’humain qui m’a appris que de tenir à quelqu’un, que s’donner la possibilité d’être vulnérable devant c’t’un quelqu’un-là, pour ce quelqu’un-là que c’est pas lâche, au contraire. C’est la personne qui m’a fait comprendre que de prendre la chance d’avoir d’la peine, c’est c’qui a de plus courageux au monde.

J’ai aussi mon p’tit pilier. Mon p’tit pilier un peu fragile par bout, mais qui se tient encore debout, la tête plus que haute. C’est la fille qui l’a pas eu facile. Celle qui s’est fait brasser pour toute, pis aucune raison. Celle qui s’est fait maganner juste parce qu’est trop fine. Juste parce qu’elle est trop là. C’est celle qui s’tient à mes côtés, fière, même quand j’accumules les erreurs par bout. Pas parce qu’elle les voit pas, mais parce qu’elle sait qu’au fond c’est pas si grave. Parce qu’elle sait que ça change pas la personne que j’suis. Parce qu’elle sait que j’apprends, pis qu’elle comprend que c’t’important. C’est celle qui me tient la main quand ça va pas pis qui est okay avec juste le fait d’être là. Celle qui essaie pas de régler mes angoisses ou de solutionner mes problèmes. C’est celle qui m’fait comprendre que c’est correct de les vivre ces émotions-là, ces downs-là. Que c’est correct de les feeler à fond pis même de s’laisser baigner dedans un peu plus longtemps. C’est l’humain qui m’fait accepter qu’on est tous un peu brisés, mais qu’au final, ça nous rend tous un peu plus beaux aussi. Qui m’fait comprendre que si on les avait pas ces p’tites craques-là, la lumière aurait pas de place pour entrer.

Pis, heille ! Comment j’suis plus que chanceuse moi, j’t’ai toi ma Lucille. Ma grande rebelle au cœur le plus tendre que j’ai vu de toute ma vie. J’t’ai toi qui me montre à m’assumer un peu plus à tous les jours, à toi qui m’montre que c’est pas parce que la société au grand complet voit pas les choses comme moi que c’est moi qui a tord, au contraire. J’t’ai toi pour me raconter des histoires depuis toujours. Pis j’t’ai toi pour écouter mes histoires depuis toujours aussi. J’t’ai toi pour me dire les vraies affaires. Sans gêne. Sans filtre. Sans rien d’autre que du vrai, mais toujours un brin d’amour, toujours un « ma belle oignon » à la fin. J’t’ai toi aussi pour me répéter ces vraies affaires-là parce que j’ai pas toujours envie d’les entendre, pis parce qu’on sait toutes les deux que j’les écoute pas toujours du premier coup. J’t’ai toi pour me consoler aussi, quand j’les écoute pas pantoute ces vraies affaires-là pis que oui, ça finit pas me péter dans la face. J’t’ai toi pour toujours me changer les idées, pour me faire comprendre qu’il pourrait toujours avoir bien pire. J’t’ai toi pour me faire comprendre que c’est jamais si grave que ça. Que la vie ça a pas à être si sérieux que ça non plus. J’t’ai toi pour m’aimer aussi, tous les jours. J’t’ai toi pour m’aimer encore un peu plus les jours où moi j’ai d’la misère à l’faire.

Fack avec toute cette chance-là que j’ai de vous avoir, avec toute la chance que j’ai de pouvoir vous aimer pis de me faire aimer en retour, j’pourrai jamais m’contenter d'une histoire d’amour juste correct.

J’vis déjà des histoires exceptionnelles, pis j’suis pas si pressée que ça d’en trouver une nouvelle. Pas pressée de trouver quelqu’un si c'est pas quelqu'un qui va me faire sentir aussi bien. Pas pressée de trouver quelqu’un si c'est pas quelqu'un avec je vais pouvoir tout partager. Pas pressée parce que ce quelqu’un parfait-là je l’ai comme un peu déjà.

Un peu déjà, pis au moins quatre fois.

Ta Annabelle xx

* crédit photo : Marie-Michèle Bouchard sur Unsplash